Né en 1961 à Béziers, sur les rivages de la Méditerranée, Didier Ruiz revendique et sa latinité et son histoire liée à l’immigration.
Il commence, en 1998, un travail de mise en scène avec L’Amour en toutes Lettres, questions sur la sexualité à l’Abbé Viollet 1924-1943, spectacle pour trente comédiens, toujours au répertoire de La compagnie des Hommes vingt-cinq ans après sa création.
En 1999, le premier épisode de Dale recuerdos (je pense à vous) voit le jour, souvenirs racontés par des hommes et des femmes de plus de 70 ans. A ce jour, trente-six épisodes ont été créés dans plusieurs villes en France comme à l’étranger (Santiago du Chili en 2008, Moscou en 2009, Malabo en Guinée Equatoriale en 2013, Barcelone en 2017, Grec Festival de Barcelona en 2021, à la Havane à Cuba en 2022).
Didier Ruiz poursuit son travail de création autour de ces deux axes depuis la création de la compagnie. Un axe avec des acteurs et des textes, souvent piochés en dehors du répertoire théâtral existant. C’est le cas du Bal d’Amour ou la mise en pièce du fatras amoureux, commande d’écriture à Christophe Martin en 2004, L’Apéro polar 1, 2 et 3 (trois feuilletons théâtraux adaptés d’après les romans La petite écuyère a cafté de Jean-Bernard Pouy, D’amour et dope fraîche de Caryl Ferey et Sophie Couronne et Des serpents au paradis de Alicia Gimenez Bartlett), La Guerre n’a pas un visage de femme – Fragments en 2008, d’après le roman éponyme de Svetlana Aleksievitch, Une Bérénice, d’après Racine, pour une comédienne, en 2011, Fumer de Josep Maria Miró, en 2016, et Polar Grenadine, d’après le roman Un tueur à ma porte d’Irina Drozd, premier spectacle jeune public en 2019.
Il s’intéresse aussi à ceux qu’il nomme des innocents (par opposition aux comédiens professionnels), porteurs de leur histoire et par là-même d’histoires collectives. En 2013, une commande de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, donne naissance à 2013 comme possible, une création avec quatorze adolescents de 15 à 22 ans, portrait poétique, réaliste et sensible d’une jeunesse d’aujourd’hui. Suivront huit autres éditions (Festival d’Avignon, Festival GREC de Barcelone, etc..) et une déclinaison déambulatoire en série, Youth dont le 6ème opus a vu le jour à Agadir en juin 2022. C’est en 2016, avec Une longue peine, projet qui réunit quatre hommes qui ont connu de longues années d’incarcération et la compagne de l’un d’eux qui racontent l’enfermement, que Didier Ruiz fait le pari de rendre pérenne dans le temps ce type de proposition avec des non acteurs. Créé à la Friche Belle de Mai à Marseille en avril 2016, le spectacle poursuit son existence jusqu’à sa dernière représentation en mars 2023, après sept ans de tournée. En mai 2018, Didier Ruiz crée TRANS (més enllà) au Teatre Lliure à Barcelone, un spectacle qui donne la parole à celles et ceux enfermés dans un corps et une identité qui leur étaient étrangers. Que faut-il dire aux Hommes ? qui met en scène des femmes et des hommes de foi clôt le triptyque sur les invisibles.
La saison 2022-2023 est marquée par deux nouvelles créations, un nouvel opus jeune public Céleste, ma planète, adapté de l’œuvre éponyme de Timothée de Fombelle et la création Mon amour qui voit le jour les 3 et 4 mai 2023 à Châteauvallon-Liberté, scène nationale, d’après une commande d’écriture à Nathalie Bitan.
La mémoire, la trace, mais aussi le portrait et la collection, sont autant de repères qui bordent un chemin continu que Didier Ruiz explore sans relâche.