Dale Recuerdos XVII (Je pense à vous), un épisode espagnol

Tremblay-en-France, 2007

Miguel
DR XVII les chaises
DR XVII photo de groupe
Joaquim
Juan Manuel
Maria
Miguel
DR XVII Ils ont marché 20 km...

Los churros, le voyage à Sitges, l’arrestation du père, le papillon, mi habanico, el habanico, la mort de Franco, la visite du ministre, les cendres, les cailloux dans les poches,la coupe de Manuel…

Carmen et  Ramon ont franchi les Pyrénées en  1929, Josep et  Francesca les avaient traversés en 1918 après avoir abandonné Valencia et ses jardins remplis  de clémentines et d’orangers en fleurs. Ils n’ont pas fui devant le canon, ils sont partis chassés par la misère pour les premiers, pour vivre ici leur amour interdit pour les seconds.
Ils se sont installés dans la même ville sans se connaître, dans les mêmes quartiers pauvres réservés à ceux qui arrivaient de l’autre côté de la frontière. Leurs enfants se sont connus dans la cour de l’école, ils ne parlaient déjà plus la langue de leurs parents, il ne fallait pas, ils devaient ressembler aux autres…
Quarante ans après, je voyais le jour plein de cet héritage à la fois lointain, exotique et mystérieux dont l’importance capitale ne me parviendrait réellement que plusieurs années après. Je n’aurais connu que Carmen. Les autres ne sont que des visages muets sur des photos jaunies.
Enfant, on se moquait de mon nom qui sonnait étranger entre Robert et Sicard ; ce nom racontait le pays d’origine de mes grands-parents alors que  moi, je ne le connaissais même pas….
Je l’ai découvert plus tard avec fougue, avec un désir sensuel de le parcourir de le comprendre, d’en parler les langues, d’en connaître les odeurs, les bruits, les couleurs.
Recuerdos en espagnol, souvenirs, vient de re-cordar, qui mot à mot signifie refaire passer par le cœur.  L’étymologie est souvent sensible…
Pas de hasard. Mon travail est centré sur la mémoire, le souvenir. Depuis huit ans maintenant, je sonde et recueille des fragments, des lambeaux de souvenirs avant qu’ils ne disparaissent à jamais. Plus que par ces lambeaux ou tout autant, je suis fasciné par la façon dont ils ressurgissent, comment ils passent la barrière de l’oubli et s’expriment à la lumière soit par un regard qui s’illumine soit par des mots ordonnés ou pas.
Pas de hasard. Mon travail est centré sur le portrait.  Pas celui des affiches électorales avec des sourires et des dents éclatantes mais celui qui est souvent de petit format, qui donne à deviner plus qu’à voir. Celui qui ressemble à une fenêtre du calendrier de l’avent que l’on ouvre délicatement parce qu’on a les doigts toujours trop gros ; derrière le petit volet s’ouvre un monde mystérieux  dont on n’aperçoit souvent que le vestibule, nous invitant à un voyage encore plus étrange et passionnant….
Cette nouvelle création à Tremblay s’imagine tous azimuts, en direct, en images, en français et en espagnol, avec un sur-titrage en temps réel. Imaginons une nouvelle série de portraits d’hommes et de femmes qui sont partis d’Espagne, ceux qui ont connu cette terre, mais aussi ceux qui la rêvent, ceux qui la re-inventent dans ce coin d’Ile de France.
Didier Ruiz

 

Une création en série avec neuf femmes et hommes espagnols ou d’origine espagnole, habitants de Tremblay-en-France.

Du 25 au 27 octobre 2007 au théâtre Louis Aragon à Tremblay-en-France.

Production La compagnie des Hommes
Co-réalisation Théâtre Louis Aragon

Conception et mise en scène Didier Ruiz
Assistant Thierry Vu Huu
Accompagnatrice de projet Anne de Amézaga
Lumière Maurice Fouilhé
Photo Bruno Vallet

Avec
Maria Jesus Belda
Felicita Curiel
Manuel Curiel
Manuel Jimenez
Pierrette Laclaustra
Marie-Therese Mortelette
Juan-Manuel Perez Sanchez
Joaquin Santarromana
Michel Ruiz