Dale Recuerdos V (Je pense à vous)

Paris, 2002

DR V Les chaises
DR V
DRV photo de groupe
DR V 2

Le petit pot de terre, le carnet de la mère, la montre à gousset…

Janvier 2002 verra la création de Dale Recuerdos V (je pense à vous ) à Théâtre Ouvert. A ce jour, onze personnes de plus de 70 ans habitant le quartier ont accepté de me suivre dans cette aventure un peu particulière.
Ainsi cette expérience initiée en 1999 va se reproduire encore avec d’autres « acteurs », d’autres témoins.
Je crois qu’au départ j’avais très envie de ne pas faire de théâtre et d’explorer d’autres pistes, d’autres moyens de mettre en valeur la parole.
J’ai compris par la suite que je me trompais .
Que plus que jamais le théâtre était au centre de ce rendez-vous. Que c’est parce qu’il y a de l’humain qu’il y a toutes les chances qu’il y ait du théâtre.
C’est je crois parce que les vieux que j’ai rencontrés n’ont rien à perdre ni à gagner d’ailleurs, qu’on se retrouve tout de suite dans l’essentiel de l’acte de parole, face à une vraie urgence. Ego et humilité en même temps. Qualités souvent demandées chez l’acteur et pas toujours rencontrées.
C’est aussi pour les mêmes raison que les corps sont si présents. Sans honte ni gêne.Le théâtre serait alors l’acte d’isoler un individu et sa parole en le plaçant dans un cadre ?
Le théâtre est le lieu de prédilection des héros. Les vieux deviennent à leur tour des héros, le théâtre les embellit. Ils se parent de rides  et leurs mains veinées  sont les attributs  de leur gloire.
Ils nous parlent de leur vie mais c’est de la Vie qu’ils parlent l’espace d’une représentation. Et les lumières éteintes, ils rejoignent l’ombre, ils s’effacent dans la nuit.
Mais c’est bien sûr l’essence du théâtre de nous offrir de l’éphémère, comme un feu d’artifice dont il ne reste rien après. Mais rien de rien.
Théâtre Ouvert accueille un nouvel épisode de Dale Recuerdos (je pense à vous) avec une douzaine d’hommes et de femmes du 18° arrondissement.
Deux ans se sont écoulés depuis la première édition.
Toujours les mauvaises questions de savoir si c’est bien ou non de continuer ce travail.
Il n’y a aujourd’hui qu’une réponse : avoir envie ou non.
Le temps passe pour moi aussi et me rapproche toujours un peu plus de la fin du voyage.
Comment l’imaginer ? Avec quel corps ? Pour quel désir ?
Je crois que je sais vraiment que je vais mourir un jour pour de vrai non pas grâce à eux, mais tout simplement parce que j’ai grandi.
Ils sont vivants,vieux et beaux, et leurs voix tremblantes sortent fortes et sans artifices comme venues de la nuit des temps.

Didier Ruiz

Une création en série avec sept habitants du XVIIIème arrondissement de Paris âgés de plus de 70 ans.

Janvier 2002 à Théâtre Ouvert, Paris.

Production La compagnie des Hommes
Avec le soutien de la mairie du 18ème et la Drac Ile-de-France

Conception et mise en scène Didier Ruiz
Assistant Thierry Vu Huu
Accompagnatrice de projet Anne de Amézaga
Lumière Maurice Fouilhé
Photo Bruno Vallet
Attachée de presse Nicole Czarniak

Avec
Blanche Bracq

Maria Concepcion Cochet
Maséa Crazover
Eliane Guilloteau
Yves Guilloteau
Mireille Marchon
Jeannette Rozé