L’air de la steppe, les souris, le chat noir, Moscou rouge, l’odeur du verge, Volodia…
Je suis arrivé à Moscou de nuit. Ma valise s’était égarée durant le voyage et j’avais froid, sans blouson. Ridicule. La traversée de la ville a duré des heures. Fascinante métropole jamais endormie aux embouteillages démentiels. Un chauffeur avec qui je ne pouvais pas communiquer. Un choc. Puis vinrent les rencontres. Cette création moscovite est la première faite dans une langue étrangère, dans une langue que je ne comprends pas. Tout me semblait difficile, la traduction simultanée, le décalage permanent entre les questions et les réponses, les réactions sans cesse en retard comme dans un film où le dialogue ne correspond pas à l’articulation des acteurs. Étrangement, le dialogue peu à peu s’est établi sur autre chose de beaucoup plus universel. C’est le plateau qui nous a réunit, qui nous a fait nous rencontrer. Le théâtre devient alors le lieu de tous les possibles. Le plus fascinant dans cette aventure, c’était peut-être ça : le raccourci. Le grossissement de la focale vers l’individu, vers son identité comme si d’un seul coup l’étranger changeait de visage et devenait celui ou celle que nous avons déjà connu, déjà croisé dans d’autres vies, d’autres histoires. L’étranger devient intime. Peu d’espace permette un tel face à face, je crois que le théâtre en est un. Précieux et rare. Voire unique.
Didier Ruiz
Une création en série avec une dizaine de participants âgés de plus de 70 ans de Moscou.
Le 17 novembre 2008 au théâtre Mossoviet de Moscou pour la Xème édition du festival NET Les 17, 18 et 19 septembre 2009 au Théâtre du Point du Jour à Lyon dans le cadre de la première édition du Festival Sens Interdits
Reprise en avril 2010 à l’occasion de la remise du masque d’Or de la Critique. Il s’est rejoué en tournée en juin 2011 en Russie centrale.
Production La compagnie des Hommes Co-réalisation Festival NET et Institut Français de Moscou Soutien Ambassade de France et Culture France
Conception et mise en scène Didier Ruiz Assistante Tatiana Oumanskaïa Lumière Maurice Fouilhé Photo Bruno Vallet